PEUPLES ET LANGUES

Le premier recensement de la population a eu lieu en 1993. Il évaluait la population totale du Tchad à 6 280 000 individus, dont 5,7 % de nomades (au sens strict), le reste étant constitué de sédentaires, semi-sédentaires ou transhumants. Le deuxième recensement de l’histoire du Tchad, le dernier en date, a été effectué plus de quinze ans plus tard, en 2009. Voici quelques données clefs de ce dénombrement : la population totale s’élève à 11,03 millions d’habitants (elle est estimée à 12,8 millions en 2016), dont 50,6 % de moins de 15 ans et 50,7 % de femmes. La population urbaine s’élève à 22 %, faisant du Tchad un pays majoritairement rural. Ce recensement met en évidence la très inégale répartition géographique de la population, plus de la moitié étant concentrée dans les 10 % du pays les plus au sud. Ainsi, on trouve au Tchad des disparités de densité énormes, allant de 52,4 hab/km² dans le Logone occidental à 0,1 hab/km² dans les régions du Borkou, de l’Ennedi et du Tibesti, où la population ne dépasse guère 300 000 individus dans les trois régions confondues ; à noter l’extrême disparité entre N’Djamena, près de 1 million d’habitants et la région du Tibesti, 25 000 habitants !

Les régions les plus densément peuplées sont le Logone oriental et le Logone occidental, le Mayo Kebbi Est et Ouest et le Tandjilé, toutes situées au sud-ouest, et le Ouaddaï (721 000 habitants) à l’est du pays.

La population tchadienne est jeune (la moitié a moins de 15 ans), peu instruite (taux d’analphabétisme de 65 %, taux de scolarisation de 75 % dans le Sud, contre moins de 8 % dans le Nord). Elle subsiste grâce à l’agriculture (83 % de la population active dépend du secteur primaire). Les conditions de vie sont précaires : 88,6 % des habitations sont encore construites en matériaux traditionnels, 76,4 % des habitants consomment une eau douteuse (mare ou puits non aménagé) ; 79 % des Tchadiens n’utilisent pas de latrines, 1 % des ménages ont accès à l’électricité, et 99,5 % n’ont recours qu’au bois ou au charbon de bois comme source d’énergie pour la cuisson des aliments.

Par ailleurs, le Tchad, de par sa situation géographique, constitue un véritable carrefour entre le monde arabe et le monde subsaharien. Les relations ancestrales de commerce transsaharien, les vagues successives de migration de populations venues du nord et de l’est, les rivalités qui s’en sont suivies avec les peuples autochtones et les traditionnelles razzias d’esclaves ont conduit ces deux mondes à se côtoyer et à se métisser, dans un brassage de couleurs et de traits, de coutumes et de religions. Le Tchad est donc un véritable kaléidoscope ethnique. Lorsqu’en 1968 le projet d’une carte linguistique de l’Atlas du Tchad a été présenté au ministre de l’Education nationale, celui-ci l’a examiné longuement avant de soupirer : ” Et dire qu’il faut que nous en fassions une nation ! “.

On distingue 140 langues et dialectes, parlés par autant d’ethnies différentes, que l’on rassemble en trois familles linguistiques : la famille nilo-saharienne, la famille afro-asiatique et la famille nigéro-congolaise (la plus répandue en Afrique mais la plus minoritaire au Tchad).

On s’attardera davantage sur quelques ethnies remarquablement représentatives du Tchad historique et du Tchad moderne. Pour plus de détails, vous pouvez vous reporter à la ” bible ” d’Albert le Rouvreur (Sahéliens et Sahariens du Tchad. L’Harmattan, Paris, 1989).

Il est très difficile d’établir une quelconque classification des ethnies ; on a tenté de les distinguer en trois ensembles, en fonction de leur habitat géographique, qui conditionne leur mode de vie : les peuples sédentaires du Sud, qui représentent à eux seuls 34 % de la population totale, et sont majoritairement composés par l’ethnie sara, les peuples du Sahel, qui sont sédentaires, nomades ou semi-nomades, et les peuples du Sahara, sédentaires ou nomades.

On entend par nomades, au sens strict du terme, des personnes qui effectuent des déplacements totalement aléatoires (par exemple d’une oasis à une autre), tandis que les transhumants conduisent leurs troupeaux au gré des saisons, descendant vers le sud en période sèche, et remontant vers le nord lorsque les pluies y ont fait reverdir les pâturages.

Avant la colonisation, le peuple africain possédait une organisation sociale et culturelle originale, basée sur trois grandes valeurs. La valeur familiale et clanique est la plus importante aux yeux des Africains : le fait d’être engendré et d’engendrer est considéré comme la réalité fondamentale et la base naturelle de toute organisation sociale. Les rites initiatiques constituent la deuxième constante qui rythme la vie de toutes les sociétés africaines : ils sont complexes et offrent à l’individu un vaste champ d’expression et de réflexion dès son enfance. C’est par ces rites que les clans trouvent leur cohésion. Enfin, l’organisation politique peut être de deux sortes en Afrique : un système monarchique hiérarchisé et très structuré, influencé par les cultures orientales et islamiques, ou un système sans pouvoir centralisé ni classes sociales très définies, dans lequel ce sont les classes d’âge qui vont évoluer ensemble, des tâches bien déterminées leur incombant. Les populations du nord du Tchad ont suivi le premier modèle, alors que celles du sud avaient adopté le second modèle.

De nos jours, les anciennes traditions se sont souvent estompées dans les villes, mais de nombreuses ethnies perpétuent encore un ensemble de rites donnés par les anciens, même si les cérémonies et les superstitions ont été fréquemment dénaturées par l’apport de cultures et de modes de vie nouveaux.

Les peuples du SudLes SaraCet ensemble regroupe une multitude de petites ethnies qui ont de très nombreux points communs, notamment des dialectes très proches. Ce sont tous des peuples à dominante religieuse chrétienne ou animiste, réputés chez les musulmans du nord pour être des buveurs d’alcool et des mangeurs de porc. D’ailleurs, représentant pratiquement le tiers de la population totale du pays, ils ont toujours revendiqué, sans succès, la reconnaissance du sara comme troisième langue officielle. Outre leur physique semblable, aux traits négroïdes, tous ces peuples vivaient autrefois en petites chefferies indépendantes, regroupées autour d’un chef de terre qui était le garant de l’alliance entre les hommes et les forces divines. Par l’intermédiaire de rites et de sacrifices, dont il était le seul dépositaire, il conciliait au village les esprits. Si le village était plus pêcheur que cultivateur, alors c’était le maître de l’eau qui remplissait ce rôle. Il était assisté par le conseil des anciens du village. D’autre part, chaque village possédait un groupement d’hommes et un groupement de femmes. On y inculquait à la fois l’épanouissement de l’individu et l’apprentissage de ses rôles sociaux au sein de la communauté, ainsi que l’exercice de la solidarité entre les membres du village qui avaient été initiés en même temps. L’initiation, appelée yondo (yo signifiant ” force de la mort ” et ndo, ” tromperie “), permettait l’accès de l’enfant au monde adulte, pour l’arracher à l’enfance et à la domination des femmes. Le premier jour, l’enfant se présente nu, le corps enduit d’ocre ; il ne doit ni parler, ni communiquer par gestes, ni marcher, car il est coupé de la terre et de tous ses apprentissages anciens. C’est la mort initiatique, le retour dans le sein maternel. On traite le postulant comme un nouveau-né, les anciens le soutiennent pour marcher. Petit à petit, par des rites secrets que le futur initié doit accomplir sans jamais se plaindre ou s’effrayer, il est amené à renouer avec la vie, à apprendre la souffrance (il est flagellé et privé de nourriture), le respect des anciens, le langage secret, l’horreur du vol, de la violence et de la débauche, pour enfin pouvoir naître à l’âge adulte. On le revêt d’un masque de paille ; on lui remet une canne et une chicotte. Il sort deux fois au village, pour aller la deuxième fois chicoter ses soeurs. Le rite de sortie, qui précède le retour à la vie sociale, commence alors. L’initié, devenu homme, est de nouveau présenté à sa famille (qu’il est censé n’avoir jamais vu puisqu’il vient de naître), à ses parents, au village… Il porte un nouveau nom.

Au cours de l’année qui suit, les interdits alimentaires de viande et de poisson seront levés, le jeune homme devra participer à des chasses rituelles pour les ancêtres ; il devra suivre les étapes du rite pour pouvoir rentrer dans la concession de sa mère et lui parler.

Les cérémonies de passage à l’âge adulte pour les fillettes étaient centrées sur l’excision. Aucune femme ne devait jamais connaître le yondo.

D’autre part, afin de garder vivaces les énergies des ancêtres, on entretenait leur mémoire et on sollicitait leur bienveillance à la fête du nouvel an. La nuit de la nouvelle lune de décembre était consacrée aux danses ; le lendemain, on organisait une grande chasse rituelle au feu et au filet. Les produits de cette chasse étaient immolés aux ancêtres, puis on frappait la terre du couteau de jet afin de pouvoir consommer le premier mil. La première bière de mil était confectionnée deux mois plus tard, à l’occasion d’un nouveau culte familial, autour de l’autel des ancêtres de la famille.

Les levées de deuil, un mois à un an après le décès de la personne, étaient (et sont encore) l’occasion d’une nouvelle fête : on danse, on chante, on mange et on boit la bière de mil.

Chaque chefferie possédait ses propres traditions, ses rites, ses masques, ses interdits alimentaires liés à l’histoire de ses ancêtres (si l’ancêtre fondateur s’était réincarné en varan, il était interdit à la tribu de manger du varan…). Les chefs de terre avaient en général peu de pouvoir temporel ; par contre, ils détenaient un pouvoir divin extrêmement respecté.

Les rapports entre les chefferies se limitaient souvent aux rivalités ou aux alliances par l’intermédiaire des liens du mariage.

Enfin, tous ces peuples ont en commun la même histoire basée sur les fréquentes razzias des musulmans du nord venus chercher des esclaves.

Actuellement, la perpétuation de ces pratiques ancestrales tend à disparaître, mais il est difficile d’en connaître encore la portée exacte, tant les secrets sont bien gardés.

On distingue notamment, autour de Sarh et de Koumra, les Goulay, les Ngama, les Nar, qui formaient une société ” d’hommes-lions ” très démocratique et dépourvue de chef, les Sar, plus hiérarchisés, leur chef étant le ngar, les Kyabé, qui pratiquaient l’élargissement des lèvres de leurs femmes par des plateaux, et les Kaba. Les Mbaye se trouvent sur les rives du Bahr Sara et dans les environs de Moïssala et de Bédiondo ; les Mouroum, vers Laï. Il y a également les Laka de Béïnamar et les Kaba de Goré (aux danses guerrières trépidantes). Les Daye, basés autour de Moïssala et de Koumra, se sont révoltés en 1929 contre le recrutement pour la Congo-Océan, mais leurs voisins, les Sar, les ont alors attaqués, au cours de la guerre du Mandoul.

Enfin, les N’Gambaye de Moundou représentent le groupe ethnique le plus nombreux. Ils ont fortement résisté à la colonisation ; Moundou n’a pu être fondée qu’en 1924. Mais curieusement, ils sont devenus des élèves modèles dans les nouvelles écoles françaises, fréquentant assidûment les églises chrétiennes. C’est parmi les N’Gambaye que l’on trouve le plus de prêtres.

Chez les Sara, la fondation du monde est l’oeuvre de deux jumeaux : Loa, le Dieu créateur, détenteur de la pierre de pluie et maître des orages, et Sou, proche de l’homme, avec ses défauts et ses ruses. Sou a fait cadeau aux hommes de la houe, du tambour, des armes et des moyens pour se concilier les esprits. Sou est le héros de tous les contes sara. Si ces deux jumeaux ont créé la civilisation, le sort de celle-ci a été scellé par le lézard (hostile aux hommes) et le caméléon (ami des hommes). Ces deux-là ont en effet organisé une course, pour savoir lequel de l’Homme ou de la Lune pourrait renaître indéfiniment après sa mort. Malheureusement c’est le lézard qui a gagné, faisant de la mort de l’Homme une étape définitive, alors que la Lune meurt chaque soir pour renaître de nouveau le lendemain. Depuis lors, il est permis, chez les Sara, d’écraser les lézards, qui ont si mal su défendre notre cause…

Les Moundang de LéréIls sont originaires du Cameroun et sont venus au Tchad par vagues successives. Ce sont de bons agriculteurs-éleveurs. Leur calendrier est d’ailleurs rythmé par les fêtes agricoles des semailles, du sarclage, des récoltes… En janvier, notamment, la fête de l’âme du mil avait lieu : un jeune homme, vêtu du seul étui pénien et le corps enduit de cendres, partait chercher l’âme du mil dans les champs, pour la déposer dans le grenier du chef de village. Ce n’est qu’alors que les paysans pouvaient procéder à la collecte des graines de céréales.

Ils étaient répartis en plusieurs clans équivalents avec chacun son propre nom, son totem animal, sa devise, ses masques, ses interdits, ses droits sur certaines mares et certains gibiers… Tous les clans étaient toutefois soumis à l’autorité de chefferies, dont la plus puissante était celle de Léré. Le chef, le Gôn Léré, était le protecteur de la chefferie et le garant de l’ordre social ; c’est à lui que revenait la lourde charge de préparer l’initiation des hommes. Toutefois, il n’avait le droit d’organiser qu’une seule cérémonie au cours de son règne, et tous les sept ans, il devait être rituellement sacrifié par l’un de ses esclaves.

Le Gôn Léré le plus connu est Gountchomé Sahoulba qui fut éphémèrement Premier ministre du Tchad lors du premier trimestre 1959.

Les BaguirmiensCe sont les héritiers de l’ancien royaume du Baguirmi. Selon la tradition, au moment de la fondation du royaume, deux fillettes furent sacrifiées et leurs corps emmurés dans les deux piliers de la porte qui marquait l’entrée de la capitale. L’une fut réincarnée en varan, tandis que l’autre réapparut sous la forme d’un serpent. Depuis lors, aucun Baguirmien ne doit manger de varan ou de serpent, de crainte de heurter les esprits tutélaires du royaume. L’ancienne capitale du royaume, Massenya, n’est pas située à l’emplacement de la ville actuelle, mais à une vingtaine de kilomètres, près du village de Karnak. Il n’en subsiste rien, excepté quelques pierres.

Le mbang, qui jadis détenait un pouvoir absolu, n’a plus qu’un rôle honorifique depuis la mise en place de l’administration à la française. Il est chef de canton et nomme quatre ngol, ses ministres, pour rendre compte de l’activité des différentes régions de l’ancien royaume. Les ngol ne sont pas reconnus par l’administration, mais nombre de Baguirmiens vénèrent encore leur mbang – qui est actuellement mbang Hadji Woli, le 28e de la dynastie – et respectent son autorité traditionnelle. Autrefois, à la mort du mbang, quatre dignitaires, qui avaient épousé les quatre premières filles du souverain, désignaient son successeur parmi ses fils, selon son mérite (et pas selon son âge). Le corps du mbang était alors enfermé dans la peau d’un taureau, pour signifier que la force du souverain était éternelle. Les insignes du mbang sont l’enclume, les sagaies et certains instruments de musique. Le mbang était en effet, par essence, le grand forgeron divin qui forgeait la vie de son peuple. Aucun Baguirmien n’avait donc le droit de rivaliser avec lui en touchant au travail de la forge. Les Baguirmiens respectent encore ces prescriptions, ainsi que les interdits alimentaires.

Les Baguirmiens sont des sédentaires, habitant le Chari-Baguirmi. Ils sont cultivateurs et pratiquent un peu d’élevage.

Les Moussey de Gounou-GayaIls sont connus pour leurs petits chevaux laka et les danses des jeunes hommes aux casques de paille ornés de becs d’oiseaux ou de cornes.

Les peuples sahéliensSédentairesLes Kanembou (1,8 % de la population totale). Dans la langue kanembou, anem désigne le ” sud “. Le Kanem est donc ” le pays du sud ” ; les Kanembou seraient en effet les descendants de Sefou, le premier maï du royaume du Kanem Bornou. Sefou, selon la légende, serait lui-même venu du Yémen. Leur langue est partagée par les Kanouri du Bornou et du Kaouar, et présente des parentés avec le toubou. De par leur histoire, les Kanembou savent tous parler l’arabe et le toubou.

Leurs villages, constitués de huttes de paille, hérissent les sommets des dunes du Kanem. Ces huttes sont caractéristiques, faites d’un seul tenant, et disposées en cercles concentriques autour d’une cour centrale où se profile une petite mosquée. Les flancs de la dune sont semés de mil ; les puits se trouvent en contrebas, dans la dépression de terrain la plus proche. Les femmes descendent chaque matin puiser de l’eau puis remontent les pentes de sable souvent raides, leur lourde jarre, remplie d’eau, sur la tête et des enfants accrochés à leur dos.

Les Kanembou sont des cultivateurs-éleveurs sédentaires.

La vie d’un Kanembou ressemble d’ailleurs singulièrement à la vie de la plupart des peuples sédentaires cultivateurs, à quelques détails près…

Les Bilala (ou Boulala) (2,5 % de la population totale). Ce sont les descendants de Bilal Kanembou qui a quitté le Kanem au début du XIVe siècle pour s’installer avec sa famille sur la rive sud du lac Tchad, dans la région de Hadjer el Hamis. Ils y ont été accueillis par des Arabes autochtones de la tribu des Hémat. Les Bilala actuels sont donc issus du métissage entre les souches arabe et kanembou. Moins d’un siècle plus tard, les Bilala, aidés des Kouka, reviennent attaquer le Kanem, chassant la dynastie sefouwa qui se replie au Bornou. Mais au XVIe siècle, le Bornou reconquiert son ancien fief, repoussant les Bilala vers le Bahr el-Ghazal, où ils s’affrontent, dans la première partie du siècle suivant, avec les Toundjour, eux-mêmes chassés du Ouaddaï.

Les Bilala se replient alors autour du lac Fitri, et fondent Yao, leur capitale, où siégera le sultan. Quelques Bilala se regroupent, dans leur fuite, autour de Massakory et d’Ati. Après leur installation dans la région du lac Fitri, ils abandonnent la langue kanembou pour un dialecte kouka local. Cependant, ils maîtrisent l’arabe, étant constamment en relation avec les tribus arabes voisines, et avec les nomades arabes qui traversent leur territoire lors des transhumances.

Les Bilala vivent surtout de la pêche et de l’agriculture (notamment du riz), car les régions marécageuses qu’ils occupent sont peu propices à l’élevage.

La femme bilala n’est pas excisée, contrairement à ses voisines kouka et médogo ; elle est donc plus recherchée et plus chère pour le mariage.

Les Kouka. Ce sont les anciens alliés des Bilala ; les métissages en ont fait des peuples très proches. Ils occupent les régions comprises entre Ati et Oum Hadjer, ainsi que des zones autour de Bokoro, N’Goura et Moïto. Leurs villages sont organisés en petites huttes de paille à toits coniques, de dimensions modestes. Sur la place du village, se trouvent la mosquée et l’arbre à palabres sous lequel les anciens (hommes) filaient et tissaient le coton tout en bavardant. Aujourd’hui, ils ne font plus que bavarder…

Ils sont agriculteurs et éleveurs. Les troupeaux sont rentrés chaque soir dans les zéribas, qui sont des enclos de buissons d’épineux. En période d’hivernage, ils confient souvent une partie de leur troupeau aux nomades arabes qui les emmènent pâturer plus au nord.

Les Hadjeray (2,6 % de la population totale). Hadjeray vient du terme arabe hadjer, ” la montagne “. Les Hadjeray sont donc des montagnards qui habitent les massifs du Guéra et de l’Abou Telfan. Sous ce terme, on inclut les Kenga, qui habitent Bitkine et la région de l’Ab Touyour entre Bokoro et Mongo ; les Dangaléat, centrés sur Korbo ; les Dionkor, qui sont les habitants les plus anciens de la région et habitent donc les zones les plus retirées et les plus escarpées des massifs ; les Bidio, au sud de l’Abou Telfan, et les Yalna. Ces derniers ne constituent pas réellement une tribu : ils regroupent en fait les anciens esclaves affranchis ou évadés. On les trouve surtout dans les districts de Melfi et d’Abou Deïa.

Ce sont surtout des cultivateurs, ainsi que de bons éleveurs de chevaux.

On les connaît pour leur pratique du culte de la margay. La margay est un esprit abrité par un rocher, un arbre ou un abri de paille à l’écart du village, auquel on sacrifie des présents pour s’attirer ses bonnes grâces.

Enfin, ces montagnards ont souvent fourni d’importants contingents aux armées, notamment dans les rangs des tirailleurs sénégalais.

Les Kotoko. Les Kanouri les appellent aussi Moria. Ils peuplent les rives du Logone et du Chari, de part et d’autre de la frontière tchado-camerounaise, et se prétendent les descendants des Sao.

Ils se sont convertis à l’islam sous l’influence de l’empire du Bornou auquel ils prêtaient allégeance, mais vénèrent toujours l’esprit de l’eau, comme leurs pères. Ils ont été attaqués à plusieurs reprises par les Ouaddaïens, ainsi que par les Rabistes (affidés de Rabah) auxquels ils ont payé un lourd tribut d’esclaves.

Les Kotoko sont organisés en petites principautés plus ou moins indépendantes, employant des dialectes différents, habitant des villages entourés de murailles de terre le long de cours d’eau. Ils vivent de pêche, de culture et d’élevage, mais aussi des taxes qu’ils réclament sur tout le bétail qui transite sur leurs terres et traverse le fleuve pour être vendu au Cameroun.

La frontière occidentale du Tchad, créée arbitrairement suivant des accords entre les Français et les Allemands, les a séparés les uns des autres. De plus, l’administration coloniale avait placé comme chefs locaux des Arabes, qui autrefois étaient leurs gardiens de troupeaux !

Les Boudouma. Ils peuplent les îles du lac Tchad ainsi que ses rives septentrionales, s’étendant jusqu’au Niger. Ils sont les voisins des Kouri, qui ont donné leur nom aux boeufs de la région. Les boeufs kouris (qui sont des taurins et n’ont donc pas de bosse, à la différence des zébus) sont caractéristiques avec leurs cornes aux larges bases impressionnantes, qui leur servent de flotteurs pour se rendre en nageant d’une île à une autre.

Boudouma est un terme kanembou composé de ma qui signifie ” l’homme ” et de boudou ” des hautes herbes “. Dans leur langue, les Boudouma s’appellent Yéténa. Selon la tradition, les Boudouma ont eu pour ancêtre un enfant abandonné dans un panier sur les eaux du lac. De là leur attachement au lac et à ses îles, qu’ils ne quittaient, dans le temps, que pour aller piller les villages de la terre ferme des alentours.

Leur langue est très proche de la langue kouri, et comporte beaucoup de mots empruntés au kanembou.

Les îles du lac ne font guère plus de 20 km² chacune ; le village est installé au centre, mais n’est entouré d’aucune palissade ou muraille. Les habitations étaient autrefois des tentes dont les parois, faites de nattes, reposaient sur des tiges de palmier doum, arbre abondant dans la région ; mais maintenant, ce sont surtout des huttes de paille. Pour se protéger des agressions permanentes des moustiques, les moustiquaires en tissu ont avantageusement supplanté les rustiques moustiquaires en vannerie, que l’on tendait sur deux arceaux au-dessus d’une fosse creusée dans le sable… Les pirogues abordent l’île le long d’un chenal étroit d’une centaine de mètres, qu’il faut régulièrement dégager de l’emprise des bancs de papyrus flottants (kirta), pour aboutir au port (baga).

Si à une époque les Boudouma vivaient strictement de la pêche, ils se sont diversifiés aujourd’hui, cultivant les champs des rives du lac et élevant leurs boeufs kouris. Sur les îles on s’adonne à la culture du mil et du haricot, tandis que dans les polders (qui sont des bras lacustres que l’on a asséchés), on préfère le maïs et le blé.

La pêche constitue souvent une activité annexe, dont le produit est écoulé frauduleusement vers le Nigeria. Autrefois, les Boudouma se servaient de kadeï, ces étroites et longues pirogues de papyrus qui ressemblent à celles des Indiens du lac Titicaca dans les Andes ! Vu la faible profondeur des eaux du lac, on se déplaçait au fil de l’eau à l’aide de grandes perches entre les papyrus flottants. Mais les solides barques kotoko ont, en grande partie, remplacé ces frêles esquifs qu’il fallait renouveler après chaque saison de pêche. Elles servent aussi, de temps en temps, la nuit pour la chasse au crocodile…

La femme boudouma tresse souvent ses cheveux en fines nattes partant d’une grosse natte centrale et se pare volontiers de colliers de perles blanches et noires ; elle n’est pas excisée.

Les Maba (5 % de la population totale). Ils occupent toute la région autour d’Abéché, qui s’étend, grosso modo, des abords d’Am-Dam, au sud, jusqu’à Biltine, au nord. Les Maba sont des Noirs qui constituent l’assise de tout le peuplement actuel du Ouaddaï. Ils étaient déjà là avant l’arrivée des premiers conquérants dadjo puis toundjour. Lorsque Abd el Karim fonde la dynastie abbasside, il est contraint de passer un accord avec les Maba qui l’ont fortement aidé : le sultan ne pourra épouser qu’une femme maba, par laquelle se transmettra le trône. Grâce à cette astuce, la dynastie régnante deviendra donc vite plus maba qu’arabe…

Les différentes tribus maba ont donc toujours eu un statut privilégié dans la cour du Ouaddaï : elles peuplent les cantons de Kodoï, d’Ouled Djema, d’Ouadi Chauk… (Les groupes principaux sont les Kodoï et les Ouled Djema). On les distingue des tribus maba venues beaucoup plus tard du Soudan, qui se retrouvent dans les cantons de Marfa, de Koniéré et d’Ouadi Hamra.

La langue des Maba est le bora mabang, mais l’immense majorité parle aussi arabe.

La circoncision des garçons a lieu vers l’âge de 10-12 ans. Le garçon entre alors dans l’assemblée des jeunes hommes qui est conduite par un warnang. Maintenant le warnang n’est guère plus qu’un adjoint au chef de village, que l’on sollicite toutefois encore lors des danses des moissons ou pour le recrutement de la main-d’oeuvre pour des travaux collectifs… Toutes les fillettes sont excisées vers 10 ans. Dans certains villages, on leur faisait aussi gonfler les lèvres inférieures au moment de la puberté, à l’aide d’épines d’acacia qui, lorsqu’on les retirait, laissaient une jolie (!) lèvre cicatricielle, volumineuse et noire.

L’homme se marie vers l’âge de 20-25 ans. Après avoir payé la dot à sa belle-famille, il s’installe chez elle pour quelques années afin de l’aider à cultiver une partie de ses champs. Quand ses beaux-parents estiment qu’il a assez contribué au bien de la famille, il peut faire construire sa propre concession. S’il choisit une autre femme, ce qui est le cas le plus fréquent, ce sera de préférence dans un autre village, parfois très éloigné. Si les deux femmes habitent le même village, ce sera de toute façon dans deux concessions différentes.

Autrefois, le village était centré autour d’une place au milieu de laquelle se trouvait un large abri, fait d’un toit de branchages et de paille, qui représentait le poumon du village : il servait à la fois de mosquée, de tribunal, de mairie et surtout de lieu de rencontres pour palabrer entre hommes, tandis que les femmes vaquaient aux divers travaux ménagers, aux travaux des champs… A l’un des poteaux de l’abri était suspendu le tambour du village, qui permettait d’annoncer aux villageois un décès, un vol de bétail…

Les villages sont faits du rassemblement de nombreuses huttes de terre aux toits de paille, regroupées en concessions familiales, entre lesquelles on peut circuler par un dédale de ruelles étroites. Chaque concession comporte des huttes à coucher, des greniers et un abri pour faire la cuisine (rakouba). Un village maba donne souvent une impression générale de délabrement, avec des cases de vieille paille à moitié effondrées.

Les Maba sont de bons cultivateurs et de bons éleveurs. Ils considèrent le travail du fer ou de la gomme arabique comme infamant.

Les Zaghawa et les Bideyat (1,2 % de la population totale). Le Dar Zaghawa (” pays des Zaghawa “) s’étend sur la sous-préfecture d’Iriba, en passant par le massif du Kapka. Les Zaghawa sont plus nombreux dans le Darfour soudanais qu’au Tchad. Ils prétendent être issus d’une souche dadjo (ethnie de la région de Goz Beïda).

Ils se répartissent en une quantité impressionnante de clans, souvent regroupés autour d’un village qui porte le nom du clan, comme Kobé, Gourf, Bilia… Les Bideyat, qui habitent le massif de l’Ennedi, sont très proches, étant formés des Bilia (clan zaghawa) et des Borogat (à la frontière soudanaise). Zaghawa et Bideyat ont participé à la fondation du royaume du Kanem. Mais les Zaghawa sont surtout connus pour avoir été les premiers alliés d’Hissène Habré, lors de la deuxième bataille de N’Djamena.

Déçus par leur leader, ils se sont rebellés et alliés à Idriss Déby, lui-même Zaghawa, pour revenir en vainqueurs à N’Djamena en décembre 1990. Ils font partie de l’actuelle garde présidentielle et détiennent de nombreuses prérogatives dans le gouvernement. D’ailleurs, Idriss Déby a intronisé, lors des années 2000, deux de ses parents comme sultans d’Iriba et de Bahaï.

Les Zaghawa possèdent des villages d’hivernage, les hillés, dans lesquels seront laissés comme gardiens les vieillards et quelques femmes pour la saison chaude, et des villages de saison sèche, les dankoutchs. Les troupeaux sont envoyés en ferriks (campements) à une dizaine de kilomètres alentour pour trouver des puits et des pâturages, en saison sèche. Hillés et dankoutchs sont tous deux formés de concessions de huttes rondes aux parois de pierres ou d’argile.

Ce sont principalement des éleveurs de zébus et de petits ruminants. Mais certaines tribus, comme les Bilia, possèdent de nombreux chameaux et nomadisent. Le marquage, au feu, des chameaux sont empruntés aux Bideyat, qui eux-mêmes les tiennent des Toubou. Les nomades assurent le commerce entre Demi et Faya, où ils achètent du natron, du sel rouge et des dattes, et entre Abéché et Goz Beïda, d’où ils reviennent chargés de mil, de tomates sèches, de thé, de pagnes, de nattes… En général, ils voyagent en janvier ou pendant l’hivernage, pour éviter d’être dans la grande cohue des caravanes toubou qui descendent vers les pâturages, faisant chuter les prix du sel…

Les Haddad, qui représentent la caste des forgerons, et par extension celles des artisans, ont souvent des quartiers dans les villages zaghawa, ou bien ils voyagent de village en village.

La femme zaghawa porte peu de bijoux, si ce n’est des colliers de perles, blanches et noires, ou de faux ambre. Lors de cérémonies, elle peut porter dans ses cheveux les mamours, des parures de métal faites d’un arc sous lequel pendent des chaînettes multiples.

Les scarifications faciales sont moins pratiquées maintenant ; elles consistaient en trois traits sur les pommettes, accompagnés de deux rangées de points sur le menton.

Semi-nomadesLes Fellata (0,1 % de la population totale). Ce sont des Peuls, musulmans semi-nomades. Le Kanem, le Dagana et les abords du lac Fitri sont leurs zones de prédilection ; ils s’y sont installés par vagues successives, sans doute depuis l’ouest. Ils vivent tous d’élevage et d’un peu d’agriculture.

Les Kréda. Ce sont les représentants les plus nombreux des Toubou de la branche daza. Ils parlent donc le dazaga, la langue des Daza, et occupent la partie moyenne du Bahr el-Ghazal jusqu’au Har (est du sillon du Bahr), en passant par Moussoro. Ils élèvent principalement des zébus ; les Kréda ne possèdent que peu de chameaux, ceux-ci servent surtout à se rendre sur les marchés. Le nomade ne se déplace que forcé par les mauvaises conditions environnementales et climatiques qui gênent son troupeau : manque d’eau, d’herbe, présence intempestive d’insectes piqueurs… Son prestige relève plus de sa qualité d’éleveur que de la quantité de kilomètres qu’il parcourt. Aussi les Kréda n’effectuent-ils que de petites transhumances. De plus, le Bahr el-Ghazal, où ils vivent, offre des conditions optimales d’élevage : nombreux puits et pâturages, eau natronnée… Ils sont donc des intermédiaires entre les sédentaires et les nomades. Ils vont, toutefois, migrer vers la région du lac Fitri ou de N’Goura à la rencontre des premières pluies pour remonter passer l’hivernage dans leur région d’origine. Les jeunes sont envoyés en éclaireurs pour faire profiter les bêtes des premières mares qui se forment. Le reste de la famille – organisée en ferriks – suit. Le ferrik est une unité de campement qui regroupe entre 5 et 20 tentes de la même famille ou de familles proches. Il se forme et se désagrège au gré des mariages, des intérêts et de la fantaisie de chacun. Aucun agenda précis n’est donc défini d’avance, et les ferriks évoluent le long de mourhals, couloirs de transhumance, au gré de la présence de l’herbe et de l’eau. Ces courants principaux de nomadisation se révèlent être les mêmes chaque année, car ils obéissent à des impératifs climatiques qui changent peu…

Les Kréda sont réputés pour posséder les troupeaux les plus importants et les mieux tenus. Aussi assurent-ils leur protection contre le vol à tout moment, sous la houlette des jeunes de la famille. D’autre part, ils élèvent des chevaux de type dongola, puissants et fort recherchés.

Les Kréda sont organisés en neuf clans principaux répartis en trois fractions.

L’homme toubou prend en général deux femmes, la première vers l’âge de 25 ans, la deuxième 10 ans plus tard, qui habitera une concession différente. Chacune possède son propre troupeau. Les répudiations sont rares et le code de morale entre les hommes et les femmes est très strict. L’adultère est rare et, s’il est découvert, vengé dans le sang. Toutefois, si le mari meurt, la femme doit épouser l’un de ses frères si elle veut garder ses droits de succession, y compris sur ses enfants mineurs. De même, les imbrications familiales comme les héritages sont souvent une source de querelles et de revendications innombrables.

NomadesLes M’bororo. Ce sont des pasteurs peuls qui vivent en perpétuel déplacement ; ils auraient migré, selon l’une des nombreuses théories concernant l’origine des Peuls, dans un premier temps de la vallée du Nil vers le Fouta Djalon guinéen ou le Macina malien, pour repartir dans un deuxième temps vers l’est, atteignant le Niger, le Nigeria et accessoirement le Tchad, dans les régions de Pala et Léré ou autour du lac Tchad. Ils semblent toujours vivre en dehors de toute influence étrangère, ayant encore gardé leur accoutrement (homme en pantalons courts et chapeaux de paille, cheveux tressés et yeux soulignés d’antimoine), leur croyance animiste et refusant de s’abaisser à se marier avec une femme d’une autre tribu. Leurs boeufs aux immenses cornes en forme de lyre représentent leur seul bien.

Les Arabes (14 % de la population totale). Les Kanembou et les Kotoko appellent Choa les Arabes ” noirs “. Ces derniers se subdivisent en deux groupes : les Djoheïna, descendants d’Abdullahi el Djoheïni, qui sont les plus nombreux au Tchad, et les Hassaouna, descendants de Hassan el Gharbi. Une petite communauté d’Arabes ” blancs “, les Ouled Sliman, descendants de Sliman, l’un des compagnons du Prophète chargé de répandre l’islam en Tripolitaine, vit également sur le sol tchadien.

Les Arabes sont venus au Tchad lors de migrations successives, après avoir très tôt quitté l’Arabie (au moment de l’Hégire) : les Djoheïna se sont installés dans l’est du pays entre le XVe et le XXe siècle ; les Hassaouna, venus du Fezzan, se sont établis au nord du lac Tchad entre le XIVe et le XVIIe siècle ; les Ouled Sliman, enfin, sont arrivés de Tripolitaine entre 1842 et 1930.

Les Arabes se répartissent en tribus, issues d’un ancêtre commun ; c’est pourquoi les tribus portent souvent le nom de Ouled (” fils de “) Rachid, Hémat, Sliman… La tribu, ou nafar, la plus nombreuse au Tchad est celle des Missirié, surtout présente aux alentours d’Oum Hadjer. Ils figurent aussi parmi les meilleurs – et les plus mobiles – éleveurs de zébus (après les Peuls).

Représentant dix à cinquante fois moins de personnes, le clan correspond au canton sédentaire ; il regroupe plusieurs khachimbiout (pluriel de khachimbeyt), composés de 500 à 1 000 personnes qui constituent le lignage (équivalent du village sédentaire) ; les khachimbiout rassemblent eux-mêmes une centaine de familles (beyt).

La plupart des tribus arabes sont réparties entre le 11e et le 16e parallèle : les éleveurs de zébus occupent un territoire qui court du Mortcha au 11e parallèle (les baggara), alors que les chameliers (les albala) ne descendent guère sous 13 degrés de latitude nord. Présents dans la plaine du Mortcha, les éleveurs doivent se contenter de quelques saniés, des puits de plus de 60 m de profondeur, très pénibles d’utilisation et d’entretien, qui offrent leurs eaux en permanence sur la ligne Ati-Biltine. Au cours de la saison sèche, les éleveurs de zébus vont côtoyer les populations sédentaires au sud du 13e parallèle, notamment autour du lac Fitri et de Bokoro.

Ainsi, le mourhal sud-nord est parcouru rapidement pendant la première quinzaine de juillet, quelques jeunes étant souvent laissés dans des villages de culture pour préparer les plantations : il s’agit à la fois de ne pas partir trop tôt pour que l’herbe puisse apparaître dans le Mortcha, ni de s’attarder trop longtemps de crainte d’être bloqué par la crue soudaine des ouadis. La difficulté est bien connue à Oum Hadjer, où les Missirié doivent franchir le fleuve Batha, dont les crues soudaines nécessitent souvent d’avoir recours aux barques louées par les Ratanine locaux pour permettre aux femmes et aux enfants de traverser le fleuve, tandis que les animaux nagent avec difficulté d’une rive à l’autre, certains étant irrémédiablement emportés par les flots tumultueux.

Le mourhal nord-sud s’échelonne au contraire de septembre à décembre, afin de pouvoir profiter des dernières mares, de s’adonner aux récoltes qui avaient été semées rapidement lors de la montée et d’éviter de se trouver trop tôt dans les zones marécageuses infestées d’insectes du Sud.

Les hommes sont organisés en khachimbiout, plus ou moins étendus, et descendent le long de mourhals regroupés en ferriks comprenant un nombre plus ou moins important de tentes. Les tentes arabes et toubou sont faites de nattes tendues sur des tiges de doum ployées en arceaux.

Les Arabes ont un sens aigu du clan et de la famille, et ils ont toujours revendiqué leur liberté, même s’il leur est arrivé d’apporter leur soutien à tel ou tel royaume. De plus, ils n’ont jamais eu le sens de l’Etat et ont toujours négligé l’administration territoriale, les emplois coloniaux et l’école laïque (française), de peur de perdre leur identité culturelle. Ils ont d’ailleurs apporté l’Islam et le Coran aux peuples qu’ils ont côtoyés.

Les tribus nomades sont organisées en ferriks qui regroupent plusieurs khachimbiout. Le khachimbeyt (littéralement ” seuil de la maison “) représente donc une petite unité sociale au-dessus de la famille. Ce sont les fils, les femmes et les petits-enfants d’un ancêtre fondateur commun. Le chef du khachimbeyt intervient dans les cas de divorce, de succession et collecte l’impôt pour l’administration. Il est désigné par les chefs de tentes, eux-mêmes chefs de famille (au sens restreint), et approuvé par le chef de tribu. Quant au ferrik, il regroupe entre 10 et 30 tentes, variant suivant les mariages, les alliances, les discordes… Le chef de ferrik joue le rôle d’arbitre dans les litiges avec les sédentaires, règle les conflits internes et définit les différentes trajectoires et les périodes de transhumance du groupe.

Chez les tribus sédentarisées, le khachimbeyt correspond au village, qui est constitué d’une centaine de membres d’une même famille, commandé par un chef de village, le boulama. A la tête de chaque khachimbeyt se trouve le cheikh, qui se fait assister dans ses jugements par des fakis, des lettrés musulmans, gardiens de la foi. Les chefs de plusieurs khachimbiout sont les lawan, qui ont donc autorité sur un très grand nombre de villages, formant le canton. Les conflits seront gérés par l’un ou l’autre de ces chefs.

Chez les Arabes, la bigamie est la règle la plus fréquente ; c’est toujours la femme qui quitte sa famille pour aller rejoindre celle de son mari. Les femmes sont excisées, sauf chez les Hassaouna.

Les femmes sont élégantes, leurs visages racés sont marqués de décorations indigo qui soulignent leur beauté. Leurs cheveux sont savamment tressés, laissant une natte libre en travers du front, leur teint café au lait étant rehaussé par les pâles reflets d’argent des nombreux bijoux dont elles se parent.

L’apport de l’islam au pays s’est fait au contact des Arabes, lors des échanges commerciaux du temps des grands empires et par le côtoiement d’une civilisation aux coutumes religieuses exigeantes. Ce n’est que depuis une vingtaine d’années que l’islam s’est radicalisé. La majorité des musulmans tchadiens appartient à la confrérie tijaniyya (d’origine algérienne). On trouve quelques Sénoussistes parmi les Ouled Sliman, bien sûr, et parmi les Libyens.

Les cinq piliers de l’islam sont omniprésents au Tchad : la prière cinq fois par jour, la profession de foi, l’aumône, le jeûne du ramadan et le pèlerinage à La Mecque. On voit souvent dans les rues de jeunes garçons demander l’aumône, qu’ils iront ensuite donner au marabout qui est censé s’occuper d’eux (bien chichement d’ailleurs). Après la fête de fin de ramadan, chacun doit verser une obole au marabout : la foutra. Il existe aussi, dans les villages sédentaires, une taxe civiquequi correspond au dixième de la récolte additionné d’un veau sur 30 bêtes ; cette taxe sera remise au fonds d’entraide du village, une partie étant redistribuée au canton.

Cas particulier des Haddad. Le terme de haddad provient du mot haddid, ” le fer ” ; les Haddad sont donc des forgerons. C’est en fait une caste très particulière, la plus méprisée dans l’échelle sociale (encore plus basse que celle des esclaves !), qui regroupe par extension tous les artisans. Toutefois personne ne se moque jamais d’eux, car ils sont entourés d’une aura de sorciers jeteurs de sort. Les Haddad se marient entre eux ; leurs femmes sont potières. Ils ne se distinguent donc pas par leurs coutumes, leur langage ou leur passé, mais par leur activité. Ils adoptent la langue des populations qu’ils côtoient : arabe, kanembou…

Ils peuvent être regroupés dans un quartier quand ils sont sédentaires, se déplacer de village en village ou même former un khachimbeyt chez les Arabes, et suivre la tribu.

Les forgerons travaillent souvent sur le marché, dans une petite forge artisanale, la plupart du temps avec du fer de récupération. Les tisserands et les teinturiers sont en train de disparaître, évincés par la trop forte concurrence des pagnes chamarrés importés des Pays-Bas, de Chine ou d’ailleurs. Les travailleurs du bois fabriquent les ustensiles de cuisine (pilons, mortiers, plats), les selles et les bâts, les planchettes pour étudier le Coran…

On trouve aussi des pêcheurs, des éleveurs (ils ont depuis peu le droit de posséder du bétail), des chasseurs. Tous pratiquent un peu l’agriculture.

La technique de chasse est toujours la même. On assemble les filets de tous les chasseurs que l’on dispose en cône au pied des arbres. Les côtés de ce gigantesque entonnoir sont garnis d’épouvantails brandissant des bâtons. Le gibier est rabattu par les jeunes, tandis que les plus vigoureux, cachés en dehors de la nasse, au fond de l’entonnoir, tueront les bêtes à coups de gourdin.

Peuples sahariensSédentaires et semi-nomadesLes Kamadja. Ce sont les anciens esclaves des Toubou qui étaient chargés d’entretenir les jardins et les palmiers dans les oasis. Ils sont aujourd’hui affranchis et travaillent pour leur propre compte. On les trouve surtout à Faya et à Kirdimi. Ils vivent sous des tentes conçues pour rester immobiles : elles sont larges, bien charpentées et confortables.

La cueillette des dattes s’effectue à l’automne (septembre), la taille des arbres en décembre et la fécondation artificielle en février.

Les palmiers n’ont pas besoin d’être irrigués, car leurs racines plongent directement dans la nappe phréatique peu profonde.

Dans les jardins, on cultive principalement du mil, qui est récolté en juin et en octobre, mais aussi des légumes.

Les Kamadja possèdent aussi des chameaux qu’ils confient à leurs anciens maîtres toubou pour participer au fructueux commerce caravanier avec les marchés sahéliens. En échange, ils entretiennent les palmiers et les jardins des nomades.

Les Libyens. Ils habitent les oasis du Sahara, mais aussi les grandes villes sahéliennes et la capitale. Ce sont surtout des Zoueya, dont l’ancienne patrie est Koufra ; ils étaient des guerriers dans l’armée sénoussiste qui a gagné le Tchad au XIXe siècle.

Aujourd’hui, ce sont eux qui détiennent le monopole du commerce dans les chefs-lieux du BET. Ils vendent leurs marchandises à crédit aux nomades toubou, ou aux sédentaires, qui les paient au moment de la récolte des dattes ou au retour d’une caravane.

Ils constituent donc de véritables banques, mais pratiquent un taux d’intérêt prohibitif, souvent source de nombreux conflits avec les Toubou.

Les Téda-Tou. Ce sont des Toubou de la branche téda, parlant le tédaga, la langue téda.

Téda est le pluriel de toudé, qui signifie l’ ” habitant du Tibesti “, et Tou désigne le Tibesti. Le Téda-Tou est donc le ” Tibestien des montagnes du Tibesti ” par opposition à celui qui a quitté le massif.

Les Téda-Tou font partie des tribus les plus défavorisées du Sahara car ils vivent dans un univers hostile, où le climat est extrêmement rigoureux. Ils se nourrissent des produits de leur cueillette, (noix de doum, graines de coloquinte) aux périodes les plus dures, ou de dattes et du lait de leurs troupeaux. Le Téda-Tou a souvent deux femmes : l’une reste à la palmeraie dans une hutte en pierre avec un toit de papyrus, l’autre le suit sous la tente, lorsqu’il s’agit d’aller faire paître le troupeau sur les tarsos, qui sont des plateaux à 2 000 m d’altitude, constitués d’anciens cratères comblés par des alluvions. Les troupeaux resteront sur les tarsos toute la saison sèche, sous la surveillance de la deuxième femme et de ses enfants. Pendant ce temps, à la palmeraie, on récolte les dattes en septembre et le mil en octobre ; on sème le blé sous les palmiers en novembre, pour le récolter en mars ; on féconde les palmiers en février, et on sème le mil en avril. L’homme, lui, profitera de la saison fraîche pour se rendre aux marchés du Fezzan ou du Kaouar.

Les nomades toubou (les Toubou représentent 3,9 % de la population tchadienne). Les Toubou tiennent leur unité d’une civilisation commune : même si certains sont sédentaires, d’autres semi-nomades ou nomades, même si certains ont quitté le Tibesti (Kréda du Bahr el-Ghazal…), ils partagent tous les mêmes coutumes, les mêmes moeurs, le même comportement et le même langage (tédaga et dazaga sont très proches).

Les Toubou sont issus d’un croisement très ancien entre les races nubiennes, les populations négroïdes du Sud, et les Berbères du Nord. Après l’assèchement de la région, ils se sont dispersés pour revenir coloniser le massif du Tibesti devenu désertique, aidés par de nouveaux animaux introduits au Tchad au cours du IIe millénaire avant J.-C : les dromadaires.

Ce sont de fiers et irascibles guerriers, musulmans mais très superstitieux, débordants d’astuce et de fourberie, prêts à se battre au moindre accrochage, au sang encore plus chaud que celui des Touaregs ! Cependant, selon eux, le Toubou ne vole pas : il recueille seulement un animal égaré ! Il ne blesse et ne tue jamais personne : il corrige simplement un individu qui lui a fait du tort et qui l’a provoqué ! Il n’effectue aucun rezzou : il ne se procure que des vivres pour sa survie !

On les divise en deux groupes : les Téda, qui habitent le Tibesti, et les Daza (ou Gorane en arabe) qui sont implantés dans le Borkou (voire plus au sud dans le cas des Kréda). Ces deux groupes sont répartis en nombreuses tribus, qui sont toutes caractérisées par les marques (ou feux) de leurs chameaux. Les tribus se font et se modifient au gré des alliances par mariage. Les Téda sont sous l’autorité du derdé, dont le pouvoir repose sur la possession du kadmoul (turban), décerné depuis toujours par la tribu des Tozoba. Ce n’est pas forcément le fils aîné du derdé qui héritera du kadmoul, mais celui auquel on reconnaîtra le plus de valeur. Pour les règlements de justice et la place de derdé, on fait appel aux Tomaghéra, qui sont les dépositaires du droit coutumier téda, et sont donc empreints d’un sentiment de supériorité vis-à-vis des autres clans.

En 1890, un traité fixe les zones d’influence entre les clans Tomaghéra, à l’ouest (Aozou, Bardaï, Zouar), et les clans Arna, à l’est (Yebbi-Bou, vallée du Misky, Emi Koussi).

Mais au début du siècle dernier, le derdé Chaï se trouve en conflit avec un chef razzieur du Sud, Guetti Kuénimémi, qui revendique sa part de territoire, fort de l’appui des Ottomans. Le Tibesti sera donc partagé en deux, chaque chef ayant autorité sur son territoire. A partir de 1911, les Turcs sont contraints de se replier, à la suite du débarquement des Italiens en Tripolitaine, laissant la place libre aux Français, qui font leur apparition en 1913. Le derdé se réfugie à Koufra, tandis que Guetti se retire également. Les Français, désireux d’impliquer les pouvoirs traditionnels au sein de leur politique, convoquent alors les deux chefs. Seul paraît Guetti, qui se voit remettre le commandement de toute la partie sud du Tibesti, tandis que la partie nord est attribuée à son fils, Alifa. Toutefois, en 1917, le derdé fait demander à Guetti de rappeler son fils pour pouvoir reprendre sa place, ce qui est fait. Malgré cela, le roué derdé va se plaindre de Guetti aux Français, en 1920, qui se retire alors à Faya. Il ne reviendra à Sherda que pour y mourir, en 1927. En 1931, Alifa reçoit le commandement du canton sud du Tibesti, bien que le derdé ait tenté de lui contester la succession en brouillant les généalogies aux enquêteurs français. En tout cas, l’arrivée des Français au Tibesti a bouleversé les rapports anciens en affranchissant les esclaves qui travaillaient dans les oasis et en sécurisant le couloir du Djourab qui était autrefois le terrain privilégié pour les rezzous, faisant ainsi descendre les tribus de leurs pitons rocheux et arides où elles se réfugiaient pour migrer vers le sud à la rencontre des pâturages un peu plus accueillants du Djourab.

Chez les Toubou, la société est fondée sur l’individu et sa proche parenté. Les mariages entre parents ne sont autorisés que s’il y a au moins trois grands-pères de différence (six générations). Le rapt des femmes est admis ; l’adultère, puni dans le sang. La femme occupe une position sociale très importante. En effet, c’est à elle qu’incombe la responsabilité du campement, car l’homme est souvent absent, occupé à rechercher un animal volé, à disputer à un parent la patte d’un veau qui lui revenait en héritage, à purger une peine de prison que lui a valu le vol d’une vache ou un coup de sagaie inopiné…

L’habitat classique du Toubou est la tente mobile, conçue pour être démontée et remontée facilement, transportable à dos de chameau. Elle est de forme elliptique (6 m x 3 m), assez basse de plafond (1,60 m). Ses parois sont en nattes de doum qui reposent sur une charpente légère faite de tiges de doum et de racines d’acacias assemblées par des ligatures en fibres, formant une sorte de cage. Les Arabes du Tchad l’ont aussi adoptée.

Ce sont les femmes qui installent et démontent le campement.

La tribu gaéda compte parmi les éleveurs les plus nombreux et les plus puissants de la zone saharienne. Autrefois uniquement chameliers, ils ont maintenant acquis quelques zébus qui rehaussent encore leur prestige. Cependant ils ont perdu leurs anciens droits sur les salines d’Ounianga et de Demi, qui sont exploitées par leurs anciens esclaves ounia. Au début des pluies, en août, ils descendent des lisières occidentales de l’Ennedi vers les prairies d’Oum Chalouba et le nord de la plaine du Mortcha. En octobre, ils sont contraints de se replier dans la région de Kalaït, plus à l’est, où l’on peut facilement creuser des oglats, des puits temporaires permettant d’utiliser les eaux d’infiltration emmagasinées dans les poches du sous-sol. Ces puits représentent une telle richesse qu’il n’est pas rare que différentes tribus se les disputent. Vers décembre, les Gaéda remontent en direction du massif de l’Ennedi, sur les lointaines marges occidentales d’abord. Puis ils s’enfoncent de plus en plus au coeur du massif avec la saison chaude, pour abreuver leurs troupeaux dans les gueltas formant des points d’eau permanents.

LES GROUPES LINGUISTIQUES

LES GROUPES LINGUISTIQUESLa famille nilo-saharienneLe groupe sara-bongo-baguirmien, auquel appartiennent plusieurs millions de locuteurs tchadiens : barma des Baguirmiens du Chari-Baguirmi ; Kouka, Bilala, Médogo du lac Fitri et du Batha ; Kenga du Guéra ; Sara du Moyen-Chari, du Logone occidental et oriental, du Tandjilé et du Mandoul : Sar du Moyen-Chari, Nar, Ngama, Goulay, Mbaye, N’Gambaye de Moundou, Mouroum, Laka de Béïnamar, Démé, Kyabé et Kaba de Goré.

Le groupe mabang des populations du Ouaddaï et des limites septentrionales du Salamat : Maba d’Abéché ; Koniéré ; Massalit d’Adré ; Bakhat ; Moubi de Mangalmé.

Le groupe tama : Tama et Songor de la région est de Biltine.

Le groupe dadjo : Dadjo de Goz Beïda, d’Am-Dam et de Mongo.

Le groupe mimi : Mimi d’Arada.

Le groupe central saharien sahélien : Kanembou du Kanem ; Téda (BET et région de Biltine) : regroupe le tédaga du Tibesti, le dazaga du Borkou et du Bahr el-Ghazal, le bideyat de l’Ennedi, le zaghawa de Biltine et Iriba.

La famille afro-asiatiqueLe groupe tchado-hamitique ou tchadique : Boudouma du lac Tchad ; Kotoko du Chari-Baguirmi ; Kera, Massa et Moussey du Mayo Kebbi ; Sonraï, Ndam, Sarara du Tandjilé ; Guidar et Toumak du Mayo Kebbi et du Moyen-Chari ; Djongar, Sokoro, Saba des peuples montagnards dits Hadjeray du Guéra.

Le groupe arabe : Arabe du Sahel ; Hassaouna du Kanem ; Toundjour du Kanem et du Ouaddaï ; Libyens établis au Tchad.

La famille nigéro-congolaiseLe groupe des Toupouri-Moundang-Mboum : Toupouri-Moundang de Léré (Mayo Kebbi Ouest) ; Mboum de Baïbokoum (Logone oriental) ; Kim de la rive droite du Logone ; Mesmé de Kélo (Tandjilé)

Le groupe boua : Boua de Korbol ; Niellim de Sarh ; Koké ; Fanian de Melfi ; Daye du Mandoul ; Bouna du Moyen-Chari

Le groupe banda ngbaka : Songo ; Bolgo de Sarh ; Goula du lac Iro

Le groupe peul : foulani des Peuls du Chari-Baguirmi et du Mayo Kebbi, m’bororo des Peuls transhumants

D’après Jean Chapelle, Le peuple tchadien : ses racines et sa vie quotidienne. L’Harmattan, Paris, 1986.